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La finance comportementale : pourquoi on dépense ce qu’on ne devrait pas

Découvrez comment nos biais cognitifs influencent nos décisions financières et apprenez à mieux gérer vos dépenses.

Avez-vous déjà regretté un achat impulsif ou vous êtes-vous demandé pourquoi vous avez du mal à épargner malgré vos bonnes intentions ? La finance comportementale, une discipline à la croisée de la psychologie et de l’économie, offre des réponses éclairantes à ces questions.

Elle étudie comment nos émotions, nos biais cognitifs et nos habitudes influencent nos décisions financières, souvent de manière irrationnelle. Comprendre ces mécanismes peut vous aider à reprendre le contrôle de vos finances, à mieux planifier vos dépenses et à prendre des décisions plus alignées avec vos objectifs à long terme.

Qu’est-ce que la finance comportementale ?

Quatre cartes de crédit de différentes couleurs dans un petit chariot d’achat miniature.
Avoir plusieurs cartes peut encourager à fragmenter ses dépenses et perdre le contrôle budgétaire.

La finance comportementale remet en question l’idée que les individus agissent toujours de manière rationnelle dans leurs décisions économiques. Elle s’appuie sur des recherches en psychologie cognitive et sociale pour expliquer pourquoi nous prenons parfois des décisions financières qui vont à l’encontre de nos intérêts.

Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel d’économie en 2002, est l’un des pionniers de cette discipline, notamment grâce à sa théorie des perspectives. Celle-ci montre que les individus surestiment les pertes et sous-estiment les gains, conduisant à des comportements de prise de risque ou d’aversion selon le contexte émotionnel.

Les biais cognitifs qui influencent nos dépenses

Les biais cognitifs sont des raccourcis mentaux que notre cerveau utilise pour traiter l’information rapidement. Bien qu’utiles dans certaines situations, ils peuvent nuire à notre raisonnement logique, notamment lorsqu’il s’agit de nos finances. Voici les principaux biais qui impactent négativement nos décisions économiques :

1. L’effet de disposition

Ce biais nous pousse à vendre trop rapidement nos investissements gagnants et à conserver trop longtemps ceux qui perdent de la valeur, dans l’espoir qu’ils se redressent. Il s’appuie sur l’illusion de contrôle et la peur de regret.

Ce phénomène est courant en bourse, mais se retrouve aussi dans la vie quotidienne : par exemple, continuer à payer un abonnement que l’on n’utilise plus simplement parce qu’on a déjà beaucoup investi dedans (coût irrécupérable).

2. L’ancrage

L’ancrage est le fait de s’appuyer de manière excessive sur une information initiale, même arbitraire, pour prendre une décision. Cela peut se traduire par l’achat d’un article considéré comme « une bonne affaire » uniquement parce qu’il est affiché à -50 %, sans évaluer son utilité réelle.

Ce biais affecte aussi la négociation salariale ou les décisions d’investissement, en prenant comme référence un chiffre initial non fondé.

3. La comptabilité mentale

Nous classons notre argent dans des compartiments fictifs (loisirs, urgences, épargne, etc.) selon son origine. Ainsi, nous pouvons être tentés de dépenser une somme issue d’un remboursement ou d’un gain au jeu différemment de notre salaire, bien que la valeur de l’argent reste identique. Ce comportement peut conduire à des choix inefficaces, comme épargner d’un côté tout en s’endettant de l’autre.

Piles de pièces de monnaie posées sur des graphiques financiers et un tableau d’analyse des dépenses.
Visualiser ses dépenses permet de prendre du recul sur ses comportements financiers réels.

4. L’effet « bottom-dollar »

Ce biais décrit notre hypersensibilité aux dépenses effectuées quand notre budget touche à sa fin. Psychologiquement, les derniers euros dépensés semblent plus précieux que les premiers. Cela se manifeste par un sentiment de culpabilité accru en fin de mois, même pour des dépenses nécessaires, ce qui peut provoquer un stress financier inutile et des retards de paiement.

5. L’oniomanie (achat compulsif)

L’oniomanie est un comportement pathologique d’achat irrépressible. Elle peut être déclenchée par l’ennui, la solitude, l’anxiété ou l’euphorie. Ce trouble est amplifié par les notifications marketing, les promotions éclair et les mécanismes de gamification utilisés par les plateformes de vente. Il peut entraîner un endettement chronique et des troubles de l’estime de soi.

6. Le biais de confirmation

Ce biais nous pousse à chercher des informations qui confirment nos croyances existantes et à ignorer celles qui les contredisent. En matière financière, cela peut nous faire persister dans de mauvaises décisions d’achat ou d’investissement, simplement parce que nous sélectionnons uniquement les arguments qui valident notre choix initial.

7. L’excès de confiance

Nous avons tendance à surestimer notre capacité à gérer l’argent ou à prédire les mouvements du marché. Cette confiance excessive mène souvent à des décisions risquées ou à la sous-estimation des aléas. Elle est particulièrement courante chez les investisseurs individuels qui pensent « battre le marché » sans analyser les données de manière rigoureuse.

Ces biais sont puissants parce qu’ils sont invisibles. Apprendre à les reconnaître est le premier pas vers une meilleure gestion de nos ressources.

Comment reprendre le contrôle de ses finances

1. Prendre conscience de ses biais

La première étape pour améliorer sa gestion financière est de reconnaître les biais cognitifs qui influencent nos décisions. Des outils comme les journaux de dépenses ou les applications de budget permettent d’objectiver nos comportements et d’identifier les déclencheurs émotionnels de nos achats.

2. Mettre en place des stratégies d’épargne automatique

Automatiser ses économies, par exemple en programmant des virements mensuels vers un livret d’épargne, permet de sécuriser une partie de son revenu avant toute tentation de dépense. Cette méthode contourne nos réactions impulsives et favorise une discipline durable.

3. Fixer des objectifs financiers clairs

Se fixer des objectifs précis – comme épargner 5000 € pour un projet de vacances ou rembourser un crédit d’ici deux ans – motive davantage que des intentions floues. Les objectifs doivent être mesurables, réalistes et liés à des valeurs personnelles.

4. Consulter un conseiller financier

Un professionnel peut vous aider à analyser votre comportement financier, proposer des solutions personnalisées et vous guider dans la mise en place d’une stratégie budgétaire durable. Il peut aussi identifier les zones à risque et vous proposer des ajustements adaptés à votre profil psychologique.

Un mini chariot de courses avec des cartons portant la mention “Shopping Online”, à côté d’un smartphone.
Les achats en ligne simplifient le passage à l’acte, renforçant les biais de consommation impulsive.

Conclusion

La finance comportementale nous enseigne que nos décisions financières sont souvent influencées par des biais cognitifs et des émotions. En prenant conscience de ces influences et en adoptant des stratégies pour les atténuer, nous pouvons améliorer notre santé financière et prendre des décisions plus rationnelles.

Il ne s’agit pas de devenir parfaitement rationnel, mais de mettre en place des garde-fous pour ne pas tomber dans des pièges prévisibles. Comprendre pourquoi on dépense ce qu’on ne devrait pas, c’est faire le premier pas vers une relation apaisée et efficace avec l’argent.

Références

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