Les virements instantanés, l’Open Banking et les tableaux de bord mobiles offrent aujourd’hui un pilotage de trésorerie en temps réel, mais exposent aussi les professionnels à des attaques de plus en plus sophistiquées.
En 2024, l’ANSSI a recensé 37 % de victimes de rançongiciels parmi les PME/ETI françaises, tandis que la Banque de France signale un taux de fraude aux virements « maîtrisé » mais toujours réel, à 40 € pour 100 000 € payés. Choisir une banque techniquement résiliente et appliquer des pratiques de cybersécurité robustes n’est donc plus une option : c’est une condition de survie et de conformité réglementaire.

1. Panorama des menaces 2025
1.1 Phishing et Business Email Compromise
Le phishing reste la première menace : 70 % des attaques recensées en 2024 visaient la messagerie, dont 40 % générées par l’IA. Les scénarios BEC ciblent spécifiquement les virements inter-entreprises, usurpant l’identité du dirigeant ou du banquier pour détourner des paiements. Le Financial Times note une hausse des attaques pilotées par l’IA contre les cadres dirigeants.
1.2 Rançongiciels et vol de données bancaires
Les PME représentent 36 % des victimes de ransomware au second trimestre 2024. Les hackers chiffrent la comptabilité puis réclament des bitcoins, menaçant de divulguer les relevés bancaires si la rançon n’est pas versée.
1.3 Risques liés au cloud et à l’outsourcing
Le Comité de Bâle propose 12 principes pour encadrer l’externalisation IT des banques face au risque de panne chez les hyperscalers.
2. Cadre réglementaire et normes à connaître
DSP2–SCA : l’authentification forte est obligatoire pour les paiements électroniques, combinant deux facteurs indépendants.
NIS 2 élargit la cybersécurité obligatoire aux services financiers critiques dès octobre 2024, exigeant un plan de réponse incident et des tests réguliers.
DORA (Digital Operational Resilience Act) fixe, à partir du 17 janvier 2025, des obligations de continuité IT et de tests de pénétration pour tous les établissements financiers européens.
ECB Cyber-Stress Test 2024 : 109 banques ont évalué leur capacité de reprise après incident, résultats intégrés au SREP 2024.
ISO 27001:2025 : nouvelle version qui renforce l’analyse de risque et la chaîne d’approvisionnement.
CNIL : recommandations 2025 sur l’authentification multifacteur et la protection des données personnelles.
ANSSI : guides mots de passe et MFA pour les administrateurs et utilisateurs.
3. Fonctions de sécurité offertes par les banques modernes
3.1 Authentification forte et biométrie
Les banques combinent mot de passe, biométrie et jeton cryptographique FIDO2 ; certaines émettent des clés de sécurité physiques pour les administrateurs de trésorerie.

3.2 Gestion des rôles et droits utilisateurs
Les comptes pros avancés (Qonto, Manager.one) permettent de limiter les montants et de configurer un double-contrôle pour tout virement > 5 000 € en interne API.
3.3 Alertes temps réel et plafonds dynamiques
Un scoring comportemental bloque les anomalies ; la Banque de France observe que ce mécanisme limite la fraude instantanée à un niveau moitié moindre que la carte.
3.4 Segmentation des sous-comptes
Allouer des sous-comptes dédiés TVA et salaires évite qu’un pirate vide la trésorerie complète ; Qonto propose cinq sous-comptes inclus.
3.5 Journaux et API sécurisées
Les API Open Banking exposées via OAuth 2.0 enregistrent chaque appel. Netguru estime qu’une DAF gagne un jour-homme par mois grâce aux webhooks temps réel.
4. Dix bonnes pratiques pour les professionnels
- Activer le MFA sur tous les accès bancaires – clés FIDO pour les utilisateurs à privilèges.
- Segmenter les droits par rôle : validation à deux niveaux pour les virements sensibles.
- Mettre à jour les mots de passe administrateurs tous les 180 jours, stocker les empreintes hachées.
- Former les équipes au phishing ; simuler des BEC au moins deux fois l’an, comme le recommande Hoxhunt.
- Sauvegarder hors ligne la comptabilité et les justificatifs de paiements pour prévenir le rançongiciel.
- Configurer des plafonds dynamiques : réduisez à zéro la nuit ou le week-end si l’entreprise est fermée.
- Vérifier la conformité ISO 27001 ou PCI-DSS du prestataire de paie avant toute intégration ; StrongDM détaille les clauses 2025 essentielles.
- Exiger un SLA cyber-résilience conforme à DORA (temps de reprise < 2 h).
- Utiliser le virement instantané pour réduire la fenêtre de fraude chèque, tout en exploitant le faible taux de fraude observé.
- Souscrire une assurance cyber dont la franchise couvre les coûts d’enquête forensique.
5. Sélection d’une banque sécurisée : grille d’évaluation
Critère | Minimum acceptable | Signaux « plus » |
---|---|---|
Certification | ISO 27001 :2025 | Bug bounty public, audits SOC 2 |
MFA | OTP + biométrie | Clé FIDO2 matérielle |
Support | 9 h-18 h | 24 h/24, réponse 30 min |
Continuité IT | Plan testé 1×/an | Participation au cyber-stress test BCE |
API | OAuth 2.0, logs immuables | Webhooks temps réel chiffrés |
Assurance fraude | Remboursement légal 48 h | Garantie commerciale 24 h |
6. Études de cas illustratives
PME E-commerce : subit un BEC, mais la validation double niveau bloque le virement ; la banque re-authentifie via biométrie et clé FIDO, aucun fonds perdu.
Cabinet de conseil : active les sous-comptes pour provisions fiscales ; un ransomware chiffe le serveur, mais les journaux bancaires hors ligne permettent la continuité des paiements salariaux.
Start-up biotech : doit se conformer à NIS 2 ; choisit une banque ISO 27001, teste DORA, obtient un prêt innovation avec clause de cyber-assurance intégrée.
7. Checklist rapide avant d’ouvrir ou de migrer un compte pro
- Exiger la documentation d’audit ISO 27001/DORA.
- Tester le MFA sur mobile et desktop.
- Paramétrer un double contrôle > 5 000 €.
- Vérifier la couverture SLA et la garantie fraude.
- Évaluer la compatibilité API avec l’ERP et l’outil de trésorerie.
- Planifier un exercice de phishing dans les 30 jours.
- Archiver en local les journaux tous les trimestres.

Conclusion
La sécurité bancaire en ligne ne repose plus sur un simple mot de passe : elle combine authentification forte, segmentation des droits, journalisation détaillée et conformité aux nouveaux règlements – DSP2, NIS 2 et DORA.
Pour une entreprise, appliquer les dix bonnes pratiques décrites et choisir une banque auditée, certifiée et transparente réduit drastiquement les pertes potentielles ; cela renforce aussi la confiance des clients et des investisseurs. En 2025, la cybersécurité bancaire devient ainsi un avantage compétitif, autant qu’un impératif réglementaire.